Lorsqu’on est responsable d’une certification de coach, une question fondamentale se pose : les coachs en devenir doivent-ils suivre une thérapie ? En tant que garant non seulement de la qualité de l’accompagnement, mais aussi de la protection du coaché et du coach lui-même, cette réflexion est essentielle. Et je me la suis posée.

Cette réflexion s'inscrit dans une vision éthique de notre métier, où la qualité de l'accompagnement, la protection du coaché et celle du coach lui-même sont au cœur de nos préoccupation

Une question qui divise la profession

Les approches divergent parmi les écoles de coaching. Vincent Lenhardt, par exemple, reconnu pour l'excellence de ses formations, a fait le choix d'imposer la thérapie à ses élèves. Une position claire et tranchée.

Pour ma part, j'ai choisi une voie plus nuancée : je conseille fortement ce cheminement personnel, mais sans l'imposer. Pourquoi ? Parce qu'entreprendre une thérapie relève d'une décision personnelle, d'une liberté et d'une responsabilité individuelle .

Pourtant, force est de constater que les professionnels qui s'engagent véritablement dans l'excellence de leur pratique finissent souvent par emprunter ce chemin d'exploration intérieure...

Les risques du coach "non-préparé"

Imaginons cette situation classique : un coaché partage une problématique qui, sans qu'il le sache, touche une corde sensible chez le coach – une blessure personnelle non résolue, un conflit intérieur actif, une zone d'ombre non explorée.

Si cette blessure reste ouverte et active, le coach risque d'être inconsciemment affecté. Sans même s'en rendre compte, il pourrait alors projeter ses propres émotions, interprétations et filtres sur la situation de son client. Ce faisant, il perd la posture d'accueil neutre et bienveillant qui est le fondement même d'un accompagnement efficace.

Combien de fois ai-je observé ce phénomène lors des supervisions ? Un coach réagissant de façon disproportionnée à une situation client, précisément parce qu'elle fait écho à son histoire personnelle non résolue.

La thérapie permet au coach de mieux se connaître, de comprendre ses propres mécanismes et de ne pas projeter ses propres blessures ou émotions sur le coaché. C'est un travail de fond qui permet de garantir un accompagnement neutre et bienveillant.

Un métier d'une profondeur insoupçonnée

Cette réalité illustre parfaitement pourquoi l'on ne devient pas coach en quelques semaines, contrairement à ce que certaines formations accélérées voudraient nous faire croire. Le coaching est un véritable métier, d'une exigence et d'une profondeur que seule l'expérience permet d'aborder.

Un métier de contenu

Le coach doit maîtriser une compréhension fine du fonctionnement humain. Le coach doit avoir une connaissance approfondie des mécanismes psychologiques pour accompagner efficacement ses clients. Il doit être capable de décrypter les comportements, de comprendre les motivations profondes et de déceler les blocages.

Cette compréhension ne s'acquiert pas uniquement dans les livres ou les formations théoriques. Elle s'enrichit considérablement lorsque le coach expérimente lui-même, en tant que client, le processus d'exploration personnelle qu'offre la thérapie.

Un métier de pratique

Le coaching ne se résume pas à une activité intellectuelle. Le coach doit être capable de ressentir, au-delà du mental, ce qui se joue dans la relation avec son client. Le coach doit être capable de percevoir les émotions et les non-dits, de les accueillir sans jugement. Il doit développer une écoute active, une présence authentique et une capacité à créer un espace de confiance.

Cette sensibilité relationnelle s'affine considérablement lorsque le coach a lui-même fait l'expérience d'être accompagné en profondeur.

Un métier d'introspection

Le travail sur soi n'est pas un luxe dans notre profession – c'est une nécessité absolue pour garantir une présence de qualité et un accompagnement éthique. Comment puis-je prétendre guider l'autre dans des territoires que je n'ai jamais explorés moi-même ?

La thérapie est un outil puissant pour cette introspection. Elle permet de prendre conscience de ses propres schémas de pensée, de ses croyances limitantes et de ses zones d’ombre.

Un choix éclairé, non une contrainte

Se connaître soi-même est un prérequis fondamental pour accompagner authentiquement les autres. La thérapie est un levier puissant pour cela, mais j'insiste : elle doit demeurer un choix éclairé, jamais une contrainte extérieure. Chaque coach doit pouvoir décider librement de suivre ou non une thérapie, en fonction de son propre cheminement et de ses besoins.

J'ai observé que les coachs qui choisissent volontairement ce chemin en tirent généralement des bénéfices bien plus profonds que ceux qui s'y engagent sous la pression d'une obligation institutionnelle.

Ne pas confondre les cadres

Une clarification essentielle s'impose cependant : lorsque le coach exerce son métier, il doit être garant de son propre cadre – celui du coaching, non celui de la thérapie.

S'il n'est pas formé pour la pratique thérapeutique (ce qui est généralement le cas), il doit impérativement rester dans le champ du coaching, avec son contrat, ses objectifs et ses méthodes spécifiques. La confusion des genres représente un danger réel pour le coaché et une faute éthique pour le coach.

Le coaching se concentre sur le présent et l’avenir, sur les objectifs à atteindre et les ressources à mobiliser. La thérapie, quant à elle, explore le passé, les traumatismes et les blessures émotionnelles. Il est crucial de ne pas mélanger ces deux approches et de savoir orienter le coaché vers le professionnel adapté à ses besoins.

Faites votre choix

Devenir coach est un parcours exigeant qui demande un travail sur soi, une connaissance approfondie du fonctionnement humain et une pratique régulière. La thérapie peut être un outil précieux dans ce parcours, mais elle doit rester un choix personnel. En tant que responsable de certification, je m'engage à accompagner chaque coach en devenir dans cette réflexion, pour qu'il puisse faire un choix éclairé et responsable.

Et si vous voulez en parler, vous savez où me trouver !