Le constat selon lequel "les jeunes ne sont plus motivés" est un leitmotiv qui revient fréquemment dans les discussions professionnelles. Ce n'est pas seulement une critique, mais un véritable questionnement sur la manière de poursuivre des projets avec des collaborateurs qui semblent moins engagés et moins dynamiques dans leur travail. Cette situation soulève des interrogations profondes sur la motivation au travail et sur ce qui se cache derrière cette apparente désaffection.

Répondre aux besoins

La motivation au travail est un phénomène complexe qui repose sur une multitude de besoins individuels. Chaque personne est animée par des motivations différentes, allant du besoin de bien faire son travail à celui de donner du sens à ses actions.

Voici quelques besoins fondamentaux qui peuvent influencer la motivation :

• Le besoin de bien faire son travail : la satisfaction d'accomplir une tâche avec excellence peut être un puissant moteur.
• Le besoin de donner du sens : les collaborateurs cherchent souvent à comprendre l'impact de leur travail sur la société et à contribuer à quelque chose de plus grand qu'eux-mêmes.
• Le besoin d'être utile aux autres : la volonté d'aider et de servir autrui peut également stimuler l'engagement.
• Le besoin d'adrénaline : pour certains, le défi et l'excitation sont des éléments clés de leur motivation.
• Le besoin de plaisir : travailler dans un environnement agréable et épanouissant est essentiel pour maintenir la motivation.
• Le besoin de sortir de la routine : la monotonie peut rapidement tuer l'engagement, d'où l'importance d'introduire des éléments nouveaux et stimulants.

Peut-être serait-il adéquat d’interroger les collaborateurs à ce sujet et de voir ensemble comment leur fonction peut être aménagée pour répondre à ce besoin...

Remise en cause du modèle traditionnel

Pour être motivé, il faut savoir donner la priorité à quelque chose d'important, voire de prioritaire, dans notre vie... C’est ce qu’on appelle les domaines de vie qui ont évolué au fur et à mesure des générations...

Pendant des décennies, le modèle de réussite sociale s'articulait autour du triptyque:

1. La réussite professionnelle comme marqueur principal de succès
2. La stabilité familiale comme cadre structurant
3. L'accumulation patrimoniale comme garantie d'avenir

Ce modèle, profondément ancré dans notre culture, était renforcé par les médias, l'éducation et les structures sociales en place.

Les nouvelles générations interrogent la pertinence de ce modèle hérité. Elles posent des questions essentielles :

• Cette course à la performance était-elle vraiment un choix conscient ?
• Les sacrifices consentis en valaient-ils vraiment la peine ?
• N'existe-t-il pas d'autres voies vers l'épanouissement ?

Évolution des priorités

La génération actuelle semble donc réévaluer les priorités déterminées par la génération qui la précède. Elle place souvent en tête de liste d'autre valeurs

La santé

L'émergence d'une conscience de l'importance du bien-être physique et mental transforme profondément le rapport au travail. Cette préoccupation se manifeste à travers :

• L'attention portée à l'équilibre vie professionnelle-vie personnelle
• L'importance accordée à l'activité physique et aux loisirs
• La recherche d'une alimentation saine et équilibrée
• La prise en compte de la santé mentale et émotionnelle

La Quête de Sens

Le travail n'est plus perçu uniquement comme un moyen de gagner sa vie, mais comme une partie intégrante d'un projet de vie plus vaste. Cette quête de sens se traduit par :

• Un besoin de cohérence entre valeurs personnelles et mission professionnelle
• Une recherche d'impact social et environnemental
• Un désir d'apprentissage continu et de développement personnel

La vie sociale :

Les jeunes aspirent à nourrir leurs relations interpersonnelles et à cultiver des amitiés authentiques.

Cette évolution pourrait être perçue comme un rééquilibrage par rapport aux générations précédentes, qui ont peut-être trop sacrifié leur bien-être personnel au profit du travail.

Une opportunité pour l'entreprise de demain

Evolution ? Autre génération ? Rééquilibrage ? Influence de phrases telles que « Vivement les prochaines vacances !... Pffffff….. c’est lundi !... Vivement la retraite qu’on puisse profiter de la vie !» ...

Et si ce changement de motivation était une opportunité pour l’entreprise de demain ?

Plutôt que de voir cette évolution comme une menace, il serait plus judicieux d'envisager comment le travail peut retrouver sa place au service de l'humain. Pour répondre aux aspirations des jeunes générations, les entreprises doivent adapter leurs méthodes managériales. Voici quelques stratégies efficaces :

• Écoute active : interroger régulièrement les collaborateurs sur leurs besoins et aspirations permet d'ajuster les rôles en conséquence.
• Flexibilité et autonomie : offrir des options telles que le télétravail ou des horaires flexibles peut renforcer l'engagement en permettant aux employés de mieux concilier vie professionnelle et personnelle.
• Opportunités de développement personnel : proposer des formations continues et des possibilités d'évolution professionnelle montre aux jeunes qu'ils sont valorisés et qu'on investit en eux.
• Création d'un environnement positif : favoriser une culture d'entreprise où règnent innovation, créativité et partage des connaissances peut stimuler l'engagement.
• Systèmes de reconnaissance : mettre en place des mécanismes pour reconnaître les efforts individuels contribue à renforcer le sentiment d'appartenance et d'utilité.

Cette évolution représente une opportunité unique de repenser le contrat social entre l'entreprise et ses collaborateurs. La prétendue crise de la motivation pourrait bien être le catalyseur d'une transformation positive

Construire demain

La question de la motivation chez les jeunes générations mérite donc une attention particulière. En comprenant mieux leurs aspirations et en adaptant les environnements de travail en conséquence, les entreprises peuvent non seulement améliorer la transformation du rapport au travail que nous observons aujourd'hui n'est pas un déclin, mais une évolution nécessaire. Elle nous invite à repenser fondamentalement notre conception de la réussite professionnelle et personnelle.

L'entreprise de demain sera celle qui saura transformer cette apparente crise en opportunité, en créant un environnement où la performance naît naturellement de l'épanouissement des individus. Le défi n'est plus de "motiver les troupes" mais de créer les conditions où chacun peut donner le meilleur de lui-même, aligné avec ses valeurs et ses aspirations profondes.

En définitive, ce n'est peut-être pas la motivation qui est en crise, mais notre façon de la concevoir et de la cultiver. En acceptant cette transformation, nous pouvons construire un monde professionnel plus humain, plus durable et, paradoxalement, plus performant.